Le massif de la Côte Bleue, situé dans les Bouches-du-Rhône, est l'un des plus vastes sites naturels (presque 6000 hectares) protégés par le Conservatoire du Littoral.

Ces dernières années, ce territoire connaît un accroissement d'événements de chutes de blocs à la suite d'intempéries. Afin de minimiser les dommages sur les biens et les personnes, le Conservatoire du Littoral a souhaité lancer un programme d'études visant à dresser un bilan complet de l'aléa et du risque de chute de blocs sur son territoire et à proposer des préconisations en matière de gestion du risque. Pour répondre à cette demande, un contrat de coopération entre entités publiques a été mis en place entre le Conservatoire du Littoral, le Centre d'Études et d'Expertise sur les Risques, l'Environnement, la Mobilité et l'Aménagement (Cerema) et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).

Deux premières phases d'études générales ont été pilotées par le BRGM. Elles ont conduit à identifier, sur des enjeux linéaires (sentiers) et surfaciques (zones urbanisées), des secteurs à risque prioritaires. Au vu de ces résultats, le Conservatoire du Littoral a souhaité disposer d'une part, d'une méthodologie pour cartographier finement l'aléa et le risque sur ces zones et d'autre part, de données lui permettant de monter une politique de gestion du risque rocheux tenant compte de ses contraintes.

Ainsi, la troisième phase du programme, pilotée par le Cerema, a vocation à développer une méthodologie permettant de produire une cartographie détaillée (1/5000) de l'aléa et du risque de chutes de blocs pour un secteur urbanisé, en prenant en compte l'enjeu de protection du bâti et des piétons. Le village du Rove a servi de site pilote pour cette phase.

Cette méthodologie, présentée dans cet article, est une conjonction de la démarche MEZAP (Méthodologie d'Evaluation de l'Aléa chute de Pierre, 2021) avec la méthode préconisée par le Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (LCPC) dans son guide technique de 2004. Ces méthodes ont fait l'objet pour cette étude d'adaptations et ont été associées à l'abaque d'aide à la décision développée par le BRGM dans le cadre du projet « Rock The Alps ».

La méthodologie a permis de caractériser, de façon différenciée selon l'enjeu considéré, l'aléa résultant d'environ 200 instabilités rocheuses dominant le village du Rove.

Selon la stratégie de gestion du risque adoptée par le Conservatoire et développée dans l'article, environ 90 instabilités nécessitent un traitement de sécurité vis-à-vis du bâti. Des propositions de sécurisation ont également été faites pour des instabilités n'affectant que les piétons. Cette stratégie nécessitant la prise en compte de l'insertion paysagère dans le choix des ouvrages de protection, une analyse de l'impact paysager des parades préconisées a été menée et des propositions d'intégration paysagère ont été formulées.

La collaboration entre les trois entités se poursuivra sur une quatrième phase, qui comprendra un nouveau développement méthodologique destiné à cartographier finement l'aléa et le risque chute de blocs sur les sentiers de randonnée ainsi que l'application des méthodologies aux secteurs bâtis et sentiers jugés prioritaires par le Conservatoire du Littoral.