Bénéfice-risque de reconnaissances géotechniques sur bâtiment sinistré par l'effondrement de cavités
Alexandre Philippe  1@  , Guillaume Litou  1@  , Ludovic Dore  1@  , Mohja Atallah  2@  , Gildas Noury  3@  
1 : Centre dÉtudes et dÉxpertise sur les Risques, lÉnvironnement, la Mobilité et lÁménagement
Centre d\'Etudes et d\'Expertise sur les Risques, l\'Environnement, la Mobilité et l\'Aménagement
2 : Sixense Geophysics
SIXENSE
3 : BRGM  -  Site web
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Ministère de la Transition écologique et solidaire, Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie
3 avenue Claude-Guillemin BP 36009 45060 Orléans Cedex 2 -  France

Sur le territoire orléanais (45), le calcaire de Beauce a été largement exploité comme matériau de construction. Cette exploitation s'est effectuée par le biais de carrières souterraines en chambres et piliers dont l'accès s'effectue par des descenderies ou des puits verticaux. La partie nord du territoire communal est ainsi impactée par un fort aléa cavité souterraine en lien avec des vides anthropiques qui se dégradent progressivement au cours du temps.

Le 10 novembre 2020, un effondrement de terrain est survenu au niveau d'un bâtiment d'habitation jouxtant la « tranchée Saint-Vincent », déblai réalisé pour permettre le passage de la voie ferrée Les Aubrais-Montauban. L'effondrement de 4 m de diamètre a entraîné la déstabilisation du pignon du bâtiment, laissant présager un basculement de la structure bâtie en direction de la voie publique et de la voie ferrée immédiatement voisine.

Après l'évacuation du bâtiment sinistré, les premières mesures d'urgence ont directement impacté la circulation de la voie ferrée avec la diminution de la vitesse nominale des trains à 40 km/h et la pose d'un écran provisoire de protection. Les solutions d'étaiement provisoire du bâtiment se sont quant à elles orientées vers des contreventements en équerre. Au préalable à leur mise en œuvre, une campagne de reconnaissance géotechnique a été diligentée pour vérifier l'absence de vides évolutifs à l'aplomb de leur assise.

L'exécution de la campagne de reconnaissance géotechnique en pied d'un bâtiment sinistré, dans un contexte de cavité souterraine évolutive partiellement effondrée, rend l'opération périlleuse. La campagne de reconnaissance a été adaptée de manière à limiter au maximum l'impact sur le bâtiment, sa structure étant sous monitoring. Un protocole de sécurité drastique a été appliqué. Outre le suivi des déplacements, le risque d'aggravation des dommages de l'habitation par les vibrations induites par la circulation ferroviaire a été analysée par une campagne de mesures de vibrations.

La campagne de reconnaissance géotechnique a permis de confirmer la présence de vides évolutifs dans l'environnement du bâtiment. L'exploitation des données issues du monitoring et de la campagne de mesures de vibrations montre quant à elle que, malgré les protocoles mis en œuvre, les sondages géotechniques réalisés ont conduit momentanément à une accélération irréversible des mouvements subis par le bâtiment. L'impact de la circulation ferroviaire paraît, lui, négligeable.

La gestion du sinistre mise en œuvre à la suite de cet évènement pose la question de la sécurité des campagnes de reconnaissance géotechnique et de recherche de cavités souterraines lorsque ces dernières se sont d'ores et déjà partiellement effondrées et ont conduit à des dommages irréversibles sur des structures bâties. Le cas d'étude rappelle l'importance d'étudier le bénéfice-risque de l'opération de reconnaissance au préalable à son exécution.


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